le mariage au moyen age
Il n'y a pas, à cette époque, de toilette spéciale pour le jour des noces. La fiancée se revêt seulement de ses plus riches et plus beaux habits.
Ce qui l'occupe d'abord le plus longuement, ce sont ses cheveux blonds : elle aimait, jusqu'ici, les porter flottants sur ses épaules, mais elle ne veut plus désormais les avoir que tressés. Armée de son peigne d'ivoire, elle sépare donc ses cheveux en deux grosses nattes. Sa servante lui présente des rubans, des bandelettes de soie, des galons d'or qu'elle entrelace habilement avec ses cheveux. C'est ce qu'on appelle des crins galonnés. Et Alice n'a point besoin d'emprunter de faux cheveux, comme tant de femmes sont contraintes de le faire. Au bout d'une demi-heure, les deux nattes sont achevées et tombent sur son dos, luisantes et lourdes. Par un geste charmant, elle les ramène sur le devant de ses épaules, se regarde un peu dans le miroir et s'estime satisfaite.
Elle n'a pas besoin de se teindre ou de se poudrer de safran. Gautier de Coincy, dit que certaines femmes de son temps étaient « en safranées ». Alice n'est pas de celles-là : telle elle est sortie du bain hier au soir, telle elle est aujourd'hui. L'église n'est pas loin et les cloches tintent joyeusement. Nos mariés ont décidé de s'y rendre, selon l'usage, à cheval. Le cortège s'organise devant le perron. En tête, s'avance un groupe de jongleurs formant un véritable orchestre : vielles, flûtes et harpes. Les joueurs sont déjà de belle humeur, car, si 1'Eglise exige des fiancés qu'ils se marient à jeun, elle n'astreint pas les jongleurs à une telle pénitence.
Alice, après avoir mûrement réfléchi, a choisi une mule, monture généralement adoptée par les dames de son temps. Rien n'est plus charmant que la bête qui l'attend