Le mariage de figaro, beaumarchais, acte ii scène 6, sujet d'invention, récit
Acte II, scène 6
Récit
Suzanne, la comtesse et Figaro montent un plan pour tromper le comte : Chérubin, jeune page du comte, déguisé en fille, prendra la place de Suzanne au rendez-vous.
A genoux, Chérubin se faisait coiffer par Suzanne qui ne tarissait pas d’éloges au sujet de la beauté féminine du garçon. Même si elle paraissait visiblement gênée, la comtesse retroussa une manche de Chérubin dans l’intention de l’arranger. Elle y découvit, surprise, un ruban. Suzanne, qui était bien décidée à faire comprendre à la comtesse les sentiments du jeune homme à l’égard de sa maitresse déclara, enjouée :
« - Et un ruban à vous. Je suis bien aise que madame l’ait vu, avant de rajouter qu’elle aurait pu le récupérer si le comte n’avait surgi. * Il y a du sang ! s’exclama la comtesse effrayée en dénouant le ruban. »
Chérubin baissa les yeux et expliqua, honteux, que cette blessure était due à un mouvement un peu trop brusque du cheval qu’il préparait ce matin. Le comte lui avait en effet ordonné de quitter le château aux premières lueurs de l’aube. Cette déclaration sembla éblanler profondément la comtesse qui préfèra se focaliser sur le ruban. Suzanne feignait n’avoir pas aperçu le trouble de la comtesse et comparait le bras du pauvre Chérubin au sien. La maitresse voulait un moment d’intimité et ordonna, glaciale, à sa femme de chambre :
« - Occupez vous plutôt de m’avoir des taffetas gommés dans ma toilette. »
Suzanne, qui n’était pas dupe, ria et poussa Chérubin en avant avant de quitter la pièce, si bien qu’il tomba sur ses deux mains. Elle désirait par ce geste complice lui signifier que si la comtesse avait réagi de la sorte, c’était parce qu’elle éprouvait aussi sans doute un attachement pour lui.
Encore destabilisée par sa découverte et la nouvelle qu’elle venait d’apprendre, la comtesse resta un moment sans rien dire, toujours assise. Ses yeux étaient vides et fixaient obstinément le