LE MEPRIS Littérature comparée
Questions :
1. En quoi les caractérisations du producteur et du réalisateur dans le film de Godard diffèrent-elles de celles des personnages correspondants dans les pages 89 à 105 du roman ? Quels éclairages l’adaptation projette-t-elle sur ces personnages ?
" De plus, je vous demanderai … si, à votre avis, une œuvre composée selon toutes les règles exprime une totalité ou une partie seulement ? Voyons, toute forme ne repose-t-elle pas sur une élimination, toute construction n'est-elle pas un amoindrissement, et une expression peut-elle refléter autre chose qu'une partie seulement du réel ? Le reste est silence. (Gombrowicz, Ferdydurke)
L’adaptation du Mépris de Moravia par Jean-Luc Godard est très intéressante dans la mesure où il se l’est complètement appropriée tout en restant fidèle à l’esprit de l’œuvre de l’écrivain. La citation de Gombrowicz prend ici du sens, vu que les personnages du roman et ceux du film sont voisins sans que les premiers soient conformes aux seconds. Godard s’est inspiré des personnages de Battista et de Rheingold pour créer les personnages de Jerry Prokosh et de Fritz Lang mais il a conservé une approche personnelle des représentations des personnages cinématographiques.
Le personnage de Jerry est celui qui s’en éloigne le plus du roman. En effet, Moravia nous propose un portrait assez détaillé du personnage de Battista, le producteur. L’image mentale que le lecteur s’en fait est précise tant sur le plan physique (« Battista était de taille moyenne, avec des épaules très larges …. ») qu’aspectuel du personnage (« son visage avait aussi quelque chose de simiesque … »). Riccardo, le narrateur, nous dépeint également le caractère de Battista (« un trait de caractère tout à fait saillant chez Battista : son astuce, sa finesse … »). Ainsi, le portait qui nous est proposé est complet et assez long (plus d’une page de l’extrait). Certains détails de ce portrait sont frappants : Battista est un homme