Le message, andré chedid, des personnages en miroir
Au fil des pages, des mots, des émotions, Andrée Chedid souligne dans le Message les nombreuses ressemblances et différences qui unissent ses personnages malgré les barrières –âge, guerre, opinions…
En quoi chacun de ces protagonistes se reflète-t-il dans l’autre ?
En dépit de leurs âges éloignés, qu’elles aient trente ou quatre-vingts ans, Marie et Anya sont toutes deux victimes de la guerre. Cette douleur commune les lie mieux que ne l’aurait fait n’importe quel bonheur et révèle des natures semblables : spontanées, elles suivent leur instinct plus que leur réflexion ; leur courage inflexible les aide à travers leurs souffrances et les enjoint à parvenir jusqu’au bout de leur but. Ainsi, Marie parvient à demeurer en vie jusqu’à l’arrivée de son amant et Anya, au mépris de sa vieillesse, court à la recherche de Steph : « le chemin s’étire, s’allonge… Elle le poursuit avec opiniâtreté… Elle n’a plus qu’un seul but : remettre la lettre à Steph. »l 68/69 chap.18.
Convaincues de la force inéluctable de l’amour, ces deux femmes haïssent la guerre et ont vécu un parcours similaire, dans lequel plusieurs années de séparation avec leurs compagnons dénoncent une relation tumultueuse mais qui s’étend dans la durée.
Cependant, elles n’ont pas le même rapport à l’amour puisque l’une le nourrit de ses désaccords avec Steph tandis que l’autre est en harmonie avec Anton.
Pour finir, l’auteur dresse dans son roman, le portrait universel de la femme au travers de sa vieillesse de sa jeunesse – attribuées respectivement à Anya et Marie. Comme chamboulés par les conflits dévastateurs, les rôles s’inversent et le lecteur assiste à un retournement de la situation : la disparition de Marie qui atteint le bout de son existence, s’ à l’énergie retrouvée d’Anya : « Anya dévore l’espace, dévore le temps. Ses rides se dissipent, ses mains se lissent, ses cheveux ne sont plus gris mais châtains. Son cœur s’électrise, s’enflamme.