Le meurtre dans la mythologie
Au commencement de l’humanité, de tant de cultures et de tant de religions.
Le meurtre d’Abel par son frère Caïn qui inaugure l’apparition du mal dans la race humaine.
Le meurtre du père des dieux, Chronos, par son fils Zeus, point de départ de la mythologie antique.
Le cadavre sanglant de Remus, transpercé par le glaive de son jumeau Romulus qui préside à la fondation d’une petite cité du Latium, qui finira par étendre son empire sur tout le monde connu, la ville de Rome.
Le meurtre du fils, cloué sur la croix romaine, voué à ce supplice non pas seulement par ses bourreaux, mais aussi par son père, qui l’a abandonné. Meurtre que les croyants célèbrent depuis deux millénaires par l’étrange cannibalisme de l’eucharistie.
Ainsi, toute naissance est issue de la mort, et de la mort violente. La libido, le désir de vie, ne pouvait pour Freud se concevoir sans la présence en chacun de nous d’une funeste pulsion de mort, à l’encontre de celles et ceux que nous aimons le plus .
Et pourtant le meurtre est par excellence l’acte abominable, pour toutes les sociétés, des plus antiques à notre société moderne. Il est l’acte qui se donne immédiatement à la conscience humaine comme mal absolu. Du « tu ne tueras point » de la Bible à la moderne abolition de la peine de mort, réside le même fil conducteur de refus et de protestation contre la barbarie du crime.
Comment comprendre cette contradiction qui traverse à la fois notre inconscient et nos sociétés ? Comme souvent, l’étude des mythes fondateurs de notre civilisation peut devenir révélatrice. La mythologie grecque regorge d’exemples en tous genres de meurtres commis dans le cadre resserré du cercle familial : meurtre du père, de la mère, du frère, du fils, de la fille. Il faudrait des heures pour tous les dénombrer. Je me contenterai d’en citer quelques uns, de les analyser et d’en esquisser une interprétation symbolique et donc humaine.
Tous ces meurtres en effet se