Le misanthrope
Alceste, personnage revendiquant sa loyauté envers la véracité et la transparence du langage dans ses relations à autrui, vient d’apprendre que Célimène, personnage mondain, de qui il est épris, ne fait aucune réelle distinction entre tous ces prétendants et que malgré ce qu’elle laissait entendre, elle ne l’estime pas à la hauteur des croyances de celui-ci.
A travers cette querelle finale, Molière nous montre un exemple des rapports amoureux entre deux personnes dont les idéaux semblent opposés.
Il s’agira de mettre en évidence en quoi ce conflit reflète en réalité le conflit intérieur des personnages, en quoi leur discours contredit leur identité respective. Nous démontrerons que la dysharmonie d’Alceste et Célimène entre eux et avec eux même est la cause hypothétique de l’échec de leur union, et que leur conception de l’amour joue un rôle majeur dans cette défaite. Nous verrons également que l’ambigüité de la relation entre parole et identité, ainsi que l’issue de la confrontation amoureuse nous donne à nous interroger quant au genre de la pièce.
Nous développerons tout au long de cette analyse, l’idée selon laquelle l’auteur pourrait avoir voulu à travers cette pièce en générale et cet extrait en particulier, transcrire une interrogation universelle et intemporelle, à savoir le juste rapport entre amour de soi et amour de l’autre qui mettrait en jeu le sacrifice soit de l’un, soit de l’autre. Interrogation qui nous amènera à repenser les fondements de l’identité individuelle, elle-même résultante d’une nature ou condition humaine ambivalente.
A la première lecture et en vue des personnalités déjà construites au fil de la pièce, on notera dès la première réplique la volonté de Célimène de reconnaitre sa faute sans pour autant