Le modèle républicain est-il périmé?
En août 2012, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault confiait au secrétaire d’Etat, Monsieur Tuot, la rédaction d’un rapport proposant la refondation des politiques d’intégration, il affirmait vouloir « rendre à la politique d’intégration un fondement, une cohérence, une unité et un élan, essentiels à l’apaisement des tensions, à la réparation des injustices et à la cohésion de notre Nation ». A la remise du rapport, le Premier ministre ne s’attendait sans doute pas à une telle remise en cause du modèle républicain
Remontant aux idéaux de la Révolution française, le modèle républicain entend fonder la nation grâce à l’adhésion des individus désormais citoyens autour d’un projet politique. Il repose sur une politique d’assimilation qui fait la distinction entre l’individu qui peut manifester ses spécificités dans sa sphère privé et le citoyen qui doit refléter, dans la sphère publique, l’universalisme et l’unité de tous les citoyens. Ainsi, l’intégration est pensée de manière individuelle comme l’accession à la citoyenneté et non de manière collective ou communautaire. C’est en cela que ses défenseurs en font, non sans excès, un modèle opposé au multiculturalisme anglais et américain synonyme, pour eux, d’un communautarisme destructeur de lien social. L’école, la langue française, le droit de la nationalité et autrefois le service militaire sont les principaux instruments de la réalisation du modèle républicain d’intégration qui semble toutefois de moins en moins correspondre aux besoins d’une société plurielle où les minorités peinent à être reconnues dans leurs spécificités, leurs difficultés, leurs droits. C’est notamment le cas des minorités issues des récentes immigrations qui constituent des communautés de fait en grande partie dans les quartiers où se sont concentrés ces populations d’origines étrangères, de nationalité française ou non et représentant près de 11,5 millions d’individus. Ces communautés