Le moi et l'intentionalité de edmont hussel
La conscience est toujours conscience d’un objet réel, là-bas dans le monde: c’est lui que je vois, que j’aime, etc. Lorsque ma conscience est en relation avec un objet, je suis tout à l’objet, je le vis, d’une façon à chaque fois particulière. Ma conscience ne porte pas sur l’idée de la chose, mais directement sur la chose que je vis, à laquelle j’adhère sans y réfléchir. La conscience n’a pas d’intérieur, dans lequel les choses réelles sont représentées par des représentations: elle porte directement sur les objets eux-mêmes. Le moi vit ses vécus immédiatement, il ne les tient pas sous son regard. C’est à travers eux qu’il se porte à la chose.
L’intentionnalité est la propriété de la conscience d’être «conscience de»: cela signifie qu’elle n’existe pas comme une chose qui contient, mais comme un acte de mise en relation. Toute conscience sans exception est intentionnelle: il n’y a pas de conscience pure, indépendante de ce dont elle est conscience. Toute conscience a un objet: «Toute conscience est conscience de quelque chose.»
La conscience n’est donc pas un être (le moi), mais un acte de cet être par lequel il se rapporte au monde. Le moi qu’étudie la phénoménologie est en outre universel: le moi «un tel» disparaît dans l’épochè (cf. fiche 64). Ce moi est vide, unique, il ne comporte aucune variété, il n’a pas de caractères spécifiques. Il est celui qui s’engage dans chaque façon dont la conscience se rapporte à son objet. La variété de ses propriétés est la variété de ses actes ou comportements: imaginant, se souvenant, percevant, jugeant moralement,