Le monde communiste après 1945
La cohérence du communisme :
La nature du communisme est très ambiguë, entre facteur d’unification et de division. Il réunit des peuples très dissemblables par leur histoire, leur identité culturelle ou ethnique ; cette disparité est contrôlée par une construction unitaire ayant une politique commune : le parti. La cohésion ne peut être que de nature idéologique entre des composantes aussi variées ; les buts sont la rupture avec l’ordre préexistant et la propagation universelle.
Le marxisme du XXe siècle est une lecture des travaux de Marx par Lénine, leur réinterprétation par Staline et l’expérience concrète du communisme selon le modèle soviétique. Il ne s’agit donc pas d’une doctrine fixe mais d’une série d’expression données à une pensée de base. L’URSS a longtemps le statut de modèle indiscutable, jusqu’à ses années de zénith 1945-1950. Son antériorité lui donne le statut de primauté, permettant la définition de la politique communiste selon son modèle seul. Tout le concept de communisme est donc centré sur ce modèle unique.
La cohésion du bloc perdure bien au-delà de la suppression du Komintern (organe du communisme international supprimé par Staline sur demande de Roosevelt en 1943) ; le Kominform le remplace en 1947, réunissant les dirigeants communistes du monde entier pour une politique commune encore modelée sur le modèle soviétique.
La mort de Staline (1953) lance le processus de fragmentation en supprimant l’Etat central fort qu’était l’URSS stalinien, le seul capable de dissimuler les lézardes dans la structure ; à cela s’ajoute le XXe congrès (1956), la déstalinisation partage les pays communistes traditionnels des pays révisionnistes. Khrouchtchev, à la tête de l’URSS révisionnel, est un chef contesté ; d’autres centres du communisme apparaissent et la querelle du polycentrisme s’engage. La rupture sino-soviétique de 1955 augmente le chaos idéologique qui secoue le bloc de l’Est, ouvrant la voie à