Depuis le début du XXe siècle aux Etats-Unis (et après la Seconde Guerre mondiale en Europe), le modèle tayloro-fordiste – qui conduit à des gains de productivité faramineux – est adopté par un très grand nombre industries. L’objectif de l’ingénieur américain Frederick W. Taylor, avec son « Organisation Scientifique du Travail », est d’éliminer la « flânerie ouvrière », c’est-à-dire la résistance à l’intensification du travail, résistance rendue possible par la maîtrise des ouvriers sur leur métier. Taylor va alors leur retirer la préparation de leur travail pour la confier à un bureau des méthodes, l’ouvrier étant alors cantonné à une tâche simplifiée que n’importe qui peut effectuer après une courte formation (il pousse là à l’extrême raisonnement d’Adam Smith : si un ouvrier se spécialise dans une tâche, il l’accomplira plus facilement). On a donc là une double division du travail : horizontale (dans les ateliers, chaque « col bleu » effectue une tâche simple et répétitive – the one best way – et est payé au rendement) et verticale (la conception des tâches par les « cols blancs » est séparée de leur exécution, et le travail des ouvriers est contrôlé par des contremaîtres). Henry Ford vient perfectionner ce système dans les années 1910 en introduisant le travail à la chaîne : l’ouvrier (on parle désormais d’OS, pour ouvrier spécialisé) n’est plus maître de son rythme de production. Ford a dans l’esprit une production de masse pour une consommation de masse, c’est pourquoi il va standardiser sa production (ses usines ne fabriquent que la fameuse Ford T noire), permettant ainsi de faire baisser ses prix (par des économies d’échelle) et de vendre en masse ; par ailleurs il double les salaires de ses ouvriers par rapport à la concurrence, les incitant à acheter à leur tour des voitures Ford.
Mais le fordisme porte en lui deux contradictions qui vont contribuer à sa chute. Au vu de la pénibilité du travail, de hauts salaires étaient indispensables pour attirer et