Le monstrueux corpus
Le corpus proposé met en perspective des documents variés de par leur genre (textes fictionnels, comme avec Shelley ou Baudelaire), mais aussi émanant de pôles scientifiques (Darwin le biologiste ou encore JY le Naour, l'historien de la Grande guerre). Probablement il s'agit de montrer à travers ce corpus très large dans le propos que la monstruosité est une notion certes familière mais qui en fait a du mal à être définie, et deuxièmement, qu'elle prend des formes variables avec le temps, selon le point de vue adopté et qu'on devrait parler plutôt alors de monstruosités. La question finale sous-jacente étant: mais alors, laquelle est la pire???
Les textes 3 et 5 proposent une monstruosité évidente, facile à intégrer car au fond, valorisante pour tous ceux (nous,on l'espère) qui ne se reconnaissent pas en elle: la monstruosité morale, qu'il suffit de condamner collectivement, et qui structure notre vision de nous-mêmes, qui a à voir avec notre identité collective.
L'historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la première guerre mondiale, propose de revenir sur une monstruosité à la fois rééelle et fabriquée, celle attribuée aux allemands dans le cadre de la propagande «anti-boche » par les patriotes français. L'allemand est caricaturé, animalisé, et cela au fond sert le bourrage de crâne autant que cela valorise, par effet de constraste, les français avides de raccourcis et de vengeance au début de la Grande Guerre. Sauf que cette dénonciation des
« porcs allemands », nous montre l'historien critique, se retourne contre les propagateurs de cette