Le mot est belle
L’œuvre à l’examen
Par Alain Migé
Petits Classiques Larousse
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Le jeu de l’amour et hasard de Marivaux
Entraînement aux questions d’oral
LA MESALLIANCE
Définition de la notion : est qualifié de « mésalliance » un mariage avec une personne considérée comme socialement inférieure par la naissance ou le statut professionnel. Dans la pièce, l’impossibilité d’une mésalliance ne provient pas d’une autorité extérieure. M. Orgon souhaite en effet un mariage d’amour pour sa fille qu’il laisse libre de se marier ou de ne pas se marier. Elle tient à des préjugés.
I Les préjugés contre l’amour
Les préjugés sont le fait de tous les personnages. Chez les maîtres : Silvia n’imagine pas épouser un « domestique » : « Je ne te hais, ni ne t’aime, ni ne t’aimerai à moins que l’esprit ne me tourne, voilà mes dispositions, ma raison ne m’en permet point d’autres » (II, 9). Ce que Silvia nomme sa « raison » n’est autre que la conscience de sa position sociale. Dorante partage les mêmes convictions : « Il ne m’est pas permis d’unir ton sort au tien » (II, 12). Mais les valets sont soumis aux mêmes préjugés. Lisette demande à M. Orgon la permission de se laisser courtiser par Arlequin qu’elle prend à ce moment-là pour le « maître »
II L’amour contre les préjugés sociaux
La crainte de la mésalliance n’empêche pas malgré tout la « surprise de l’amour ». Bien qu’elle dise le contraire à son père et à son frère, Silvia s’intéresse à Dorante. Elle prend même prétexte de son état pour le défendre : « Quoi, parce que je suis équitable, que je veux qu’on ne nuise à personne, que je veux sauver un domestique du tort qu’on peut lui faire, on dit que j’ai des emportements… » (II, 11). L’hypothèse d’une mésalliance crée dès lors un conflit entre l’amour et l’amourpropre chez Silvia et un drame de conscience chez Dorante : « Il pense qu’il chagrinera son père en m’épousant, il croit trahir sa fortune et sa naissance », dit Silvia