Le nonsense
Le nonsense
Tout comme l'humour noir, auquel il est souvent lié, le nonsense est souvent considéré comme une des formes les plus pures de l'humour, tant il est loin de l'ironie et d'autres formes du comique. Né en Angleterre, il désigne une forme d'humour lié à l'absurdité ou à l'excentricité. Il s'agit de présenter des personnages ou des situations incongrues avec gaieté. Pourquoi employer le terme anglaiset pas le mot français non-sens?
Le mot anglais a une extension beaucoup plus vaste que le terme français et désigne une «bêtise», du «n'importe quoi», alors que le non-sens est presque un terme technique en français définissant un raisonnement illogique ou absurde. Ainsi, nonsense paraît plus apte à désigner un type d'humour que le non-sens (que l'on retrouve plus dans les corrigés de versions latines que dans les théories de l'humour).
Pour tenter de définir le nonsense, on peut procéder par la voie négative et le différencier de formes proches: le monde à l'envers, l'absurde, le paradoxe.
Ainsi, on associe souvent le nonsense à la vision d'un monde inversé, négatif du monde réel. Il y a en effet ce type d'univers dans Alice au pays des merveilles, où Alice devient la servante d'un lapin. Mais suffit-il de présenter un monde à l'envers pour faire du nonsense? Le topos du monde à l'envers, que Bakhtine a longuement et brillamment étudié implique toujours un retour à l'ordre, un ultime renversement. Le désordre est une parenthèse, et sert à renforcer l'ordre; c'est exactement la fonction du carnaval à la Renaissance et de la fête des fous. Dans le nonsense, le monde à l'envers n'est jamais remis à l'endroit. Par ailleurs, le monde à l'envers s'exprime à travers des formes codées à la Renaissance: pensons notamment à l'Eloge de la folie d'Erasme ou à l'éloge des dettes de Panurge au début du Tiers livre; ces deux éloges paradoxaux sont de véritables morceaux de bravoure de rhétorique. Rien de tel dans le nonsense qui