Le pain
Le pain
ID FDL : 495
« Le parti pris des choses» de Ponge: Le pain
Sommaire
I) Croûte tellurique
II) Cosmogonie
III) Sacrifice
Analyse
Le pain
Ce poème de Ponge nous entraîne dans une forme de désacralisation ; en effet, quel objet plus chargé de symboles, plus lourd de significations que le pain et ce pour l’ensemble des religions du livre : pain de libération de la Pâques juive, pain de vie de l’Eucharistie chrétienne, dans l’Islam même, il n’est pas douteux que le pain doive être revêtu d’un sens fort. Pain révéré, pain adoré pour ce qu’il représente, or voici que le poète nous en donne une image séculière, le pain image du monde et non plus image du corps divin ou du passage et de la promesse, non ! mais image de cette terre croûteuse que nous foulons. Elle nous renvoie (1) cette apparence familière que nous reconnaissons dans sa surface, mais sa fabrication nous initie (2) au secret même de la création, pain cosmogonique, mais pain, encore, caché, (3) secret qui par un retour du sacré nous invite à le rompre dans le partage.
1) Croûte tellurique
D’emblée nous quittons l’univers chrétien : « La surface du pain est merveilleuse », elle n’est pas miraculeuse, elle suscite l’émerveillement, celui de l’émotion esthétique, par la façon dont elle remplit l’œil. Ce pain est bien terrestre, il n’affiche pas de valeur spirituelle, il représente la terre, sa superficie, sa croûte. D’ailleurs, n’est-ce pas le même mot qui désigne l’un et l’autre, pain et terre à leur surface, tous deux sont d’abord croûte, épaisseur dure où s’inscrivent reliefs, montagnes et vallées, pain panorama qui donne à voir le monde à son échelle réduite, qui produit au regard ce que l’astre ne saurait faire, sa dimension l’en empêchant, « une impression quasi panoramique » de soi. Le pain c’est d’abord cela : la terre en son entier, à portée de main « comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la