Le paradoxe des seniors
Il y a encore moins de dix ans, la décennie de la cinquantaine était bornée par la rupture symbolique de la retraite, puisque le repère des 60 ans restait très ancré dans les esprits. Interrogeons aujourd’hui une personne venant de passer le cap des 50 ans : le changement est radical. Tout d’abord, elle ne se reconnaît pas ou plus comme senior et, dans son esprit, il lui reste encore 12 ou 15 années de vie active avant d’envisager la retraite, soit quasiment le tiers de son parcours professionnel.
Ce constat, même partiel, montre que le terme et la définition des seniors ont profondément changé de sens.
Tout d’abord, plus de 80 % des actifs de 50 à 59 ans jugent « leur travail très intéressant », ce qui souligne, au passage, le rôle structurant de l’activité professionnelle dans cette tranche d’âge. En revanche, dès 45-49 ans, seules 36 % des personnes interrogées estiment avoir « de bonnes perspectives d’évolution professionnelle », cette proportion chutant à 30 % parmi les 50-54 ans et à seulement 25 % du côté des 55-59 ans.
Ce jugement face à l’absence de perspectives professionnelles trouve son pendant dans le fait que les actifs de plus de 50 ans sont plus de 70 % à se considérer comme « des collaborateurs que l’on a tendance à pousser vers la sortie ».
En outre, le sentiment des seniors quant à leur place dans l’entreprise liée à leur âge s’est fortement