Le parti pris des choses
la poésie n'est plus dans le choix du sujet (cageot, mollusque, morceau de viande = sujets a priori dépourvus de toute connotation poétique !) mais dans la manière de dire. La poésie est un art de la parole. Il s'agit de faire du « neuf » avec du « vieux » = en effet les mots sont usés par le temps.
Ponge déclare « tout se passe pour nous comme pour des peintres qui n'auraient à leur disposition pour y tremper leurs pinceaux qu'un même immense pot où depuis la nuit des temps tous auraient eu à délayer leurs couleurs »
Il y a un discrédit attaché au langage de la communication, et à la poésie lyrique (seule parole poétique reconnue) qui est enlisée... Et donc il y a un défi du poète au langage. Un sujet banal, pauvre, un langage « usé » → le texte devient un tour de force.
Ce défi a une finalité, un but : il faut changer l'homme, en changeant sa manière de voir le monde. Faire surgir de la banalité un monde inouï.
Constat de départ = rupture entre les mots et les choses ; nous vivons dans un monde d'idées, de mots, de représentations, on ne connaît pas vraiment le monde. On a perdu le contact concret avec le monde. Il faut donc faire renaître les choses par les mots dans toute leur épaisseur sensible.
Associer la définition et la description de l'objet, que cela ne fasse plus qu'un : la définition (concept, abstrait) et la description (aspect concret). Faire exister les choses dans leur présence concrète et dans leur vérité, « rendre compte du contenu entier de leurs notions » (Ponge)
le choix des objets proximité : à l'opposé des grandes idées ou des grands sentiments aspect concret : objets pour lesquels l'homme a une relation profonde, ceux qui le touchent dans la vie concrète banalité : objets apparemment sans intérêt, sur lesquels on n'a rien à dire (défi pour le poète) respect : considérer les objets comme des personnes (voir les personnifications, fréquents anthropomorphisme) le titre : « parti pris