Le paysage dans le cadre des portières
Paul Verlaine
Le paysage dans le cadre des portières
Court furieusement, et des plaines entières
Avec de l’eau, des blés, des arbres et du ciel
Vont s’engouffrant parmi le tourbillon cruel
Où tombent les poteaux minces du télégraphe
Dont les fils ont l’allure étrange d’un paraphe.
Une odeur de charbon qui brûle et d’eau qui bout,
Tout le bruit que feraient mille chaînes au bout
Desquelles hurleraient mille géants qu’on fouette ;
Et tout à coup des cris prolongés de chouette. -
— Que me fait tout cela, puisque j’ai dans les yeux
La blanche vision qui fait mon cœur joyeux,
Puisque la douce voix pour moi murmure encore,
Puisque le Nom si beau, si noble et si sonore
Se mêle, pur pivot de tout ce tournoiement,
Au rythme du wagon brutal, suavement.
1870 La Bonne Chanson
Ce poème composé de seize alexandrins de strophes irrégulières, la première de 6 vers suivie d'un quatrain et enfin une seconde strophe de 6 vers nous retrace un des nombreux itinéraires en train que Verlaine fit entre Paris et l'Écluse durant l'été 1869. (Dans certaines éditions les strophes 2 et 3 sont réunies)
1-Les impressions et la poésie des chemins de fer
Fugacité des paysages vus d'un wagon
2-Effets sonores et olfactifs
Modernité et musicalité
3-Sainte et reine Mathilde
Une oie blanche
D'une première lecture du poème se dégage l'atmosphère des premiers trajets en chemins de fers à vapeur avec le panache de fumée, l'odeur de charbon brûlé mais aussi le bercement qui vous endort et vous fait rêver. C'est un poème simple que Verlaine adresse à sa jeune fiancée de seize ans dont il vante la sainteté, "la blanche apparition". Dans "Rêve pour l'hiver", Rimbaud reprendra ce thème du voyage en chemin de fer sur le même abord sentimental.
Les impressions et la poésie des chemins de fer
Verlaine à la manière d'un peintre impressionniste décrit le phénomène optique qui fait que dans un train en mouvement, on a l'impression que