Le personnage de roman du XVIIe siècle à nos jours
Corpus:
Texte A : extrait d’Honoré de BALZAC, Le Chef d’œuvre inconnu (1832)
Texte B: extrait de Victor HUGO, L’homme qui rit (1869)
Texte C : extrait de Marcel PROUST, Le Temps retrouvé (1927)
Question:
Ces portraits donnent-ils l’impression de la réalité ? /4pts
Commentaire /16
Corpus:
Texte A : extrait d’Honoré de BALZAC, Le Chef d’œuvre inconnu (1832)
L’action de ce roman se déroule en 1612. Fraîchement débarqué à Paris, un jeune peintre ambitieux, Nicolas Poussin, se rend au domicile de Maître Porbus, un célèbre peintre de cour, dans l’espoir de devenir son élève. Arrivé sur le palier, il fait une étrange rencontre.
Un vieillard vint à monter l’escalier. À la bizarrerie de son costume, à la magnificence de son rabat(1) de dentelle, à la prépondérante sécurité de la démarche, le jeune homme devina dans ce personnage(2) ou le protecteur ou l’ami du peintre ; il se recula sur le palier pour lui faire place, et l’examina curieusement, espérant trouver en lui la bonne nature d’un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ; mais il aperçut quelque chose de diabolique dans cette figure, et surtout ce je ne sais quoi qui affriande(3) les artistes. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate ; une bouche rieuse et ridée, un menton court, fièrement relevé, garni d’une barbe grise taillée en pointe, des yeux vert de mer ternis en apparence par l’âge, mais qui par le contraste du blanc nacré dans lequel flottait la prunelle devaient parfois jeter des regards magnétiques au fort de la colère ou de l’enthousiasme. Le visage était d’ailleurs singulièrement flétri par les fatigues de l’âge, et plus encore par ces pensées qui creusent également l’âme et le corps. Les yeux n’avaient plus de cils, et à peine voyait-on quelques traces de sourcils au-dessus de leurs arcades