Le personnage de roman du XVIIe siècle à nos jours
Texte B : Zola, Le ventre de Paris (1873)
Texte C : Le Clézio, Désert, (1980)
Texte A : Balzac, La fille aux yeux d’or (1835)
La fille aux yeux d’or termine le triptyque de l’Histoire des Treize (à la suite de Ferragus et de
La duchesse de Langeais). Henry de Marsay, jeune dandy parisien se prend de passion pour la « fille aux yeux d’or », Paquita Valdes, mais découvre qu’elle a une autre relation. Pour se venger de Paquita, il décide, à l’aide d’un groupe d’amis, de la tuer. Voici l’ouverture de cette étrange histoire…
Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l’esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux ; non pas des visages, mais bien des masques : masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d’hypocrisie ; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité ? Que veulent-ils ? De l’or, ou du plaisir ?
Quelques observations sur l’âme de Paris peuvent expliquer les causes de sa physionomie cadavéreuse qui n’a que deux âges, ou la jeunesse ou la caducité : jeunesse blafarde et sans
48 Devoir 5 – FR10-13 couleur, caducité fardée qui veut paraître jeune. En voyant ce peuple exhumé, les étrangers, qui ne sont pas tenus de réfléchir, éprouvent tout d’abord un mouvement de dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissance, d’où bientôt eux-mêmes ils ne peuvent sortir et, restent à s’y déformer volontiers. Peu de mots suffiront pour justifier physiologiquement la teinte presque infernale des figures parisiennes, car ce