Le photojournalisme
Raymond Depardon - co-fondateur avec Gilles Caron[1] de l’agence Gamma - affirme quant à lui : « Il s’agissait d’imposer un regard d’auteur, et pas d’illustrateur. …/… Ces années 60 ont connu l’apogée du photojournalisme. »
Ces deux affirmations dénotent une vision singulière de la pratique photographique. Que ce soit pour Mc Cullin ou pour Depardon, il ne s’agit ni d’une démarche artistique - la recherche esthétique en est, a priori, exclue - ni d’une simple « chasse à l’image ». Il s’agirait plutôt, au travers de ses clichés, de manifester sa personnalité, de faire valoir ses idées, d’imposer sa propre vision du monde.
Pourtant, lorsqu’on lui demande « comment il a pu photographier de telles horreurs », Mc Cullin réplique, un brin provocateur : « J’ai fait de la guerre mon business. », ce qui nous laisse à penser que photographier la guerre n’était pour lui qu’un gagne-pain. Pourtant, insiste t-il, « Mes photographies sont des documents, pas des icônes, pas des œuvres d’art à mettre au mur. » « J’ai montré aux gens des choses qu’ils ne voulaient absolument pas voir. »
Il convient donc de distinguer le photojournalisme de l’acte photographique qui consiste à produire des images dans un seul but illustratif « J’essayais d’être le plus près possible. » ajoute Mc Cullin. « Quand j’appuyais sur le déclencheur, je ne pensais qu’à botter le cul de ceux qui ouvriraient leur Sunday Times Magazine au petit déjeuner. Pour qu’ils voient la réalité bien en face. Je voulais réveiller le monde. J’étais naïf. »
Est-ce à dire que le photojournalisme ne peut être dissocié d’une certaine forme de militantisme, d’engagement par rapport à ses