Le phénomène
Raphaël présente au centre de son tableau L’école d’Athènes deux philosophes : Platon et Aristote. Ce débat philosophique sans parole porte sur la question de savoir où se situent la vérité et le réel. Platon, le doigt levé, représente le philosophe de l’idéal alors qu’Aristote, la main dirigée vers le bas, croit plus en la logique et surtout en la physique et la nature. On se retrouve déjà ici face à un paradoxe : la vérité est-elle dans le monde sensible ou non ? De même, est-ce que les phénomènes peuvent permettre de trouver la vérité ? Le phénomène, d’après son étymologie grecque, signifie en effet illusion, apparence. Le phénomène s’oppose alors au noumène, à la réalité intelligible. Certes, les deux philosophes du tableau de Raphaël restent dans l’idée que la vérité se trouve hors des apparences et de l’illusion. On dit d’ailleurs que les apparences sont trompeuses. Cependant, les deux philosophes athéniens ont deux manières bien différentes de chercher la vérité à travers les apparences. La connaissance n’est donc pas évidente et les philosophes, quelle que soit la manière dont ils tentent de l’atteindre, la recherche avec ardeur. Est-ce que les phénomènes, que les anciens semblent fuir, peuvent permettre d’atteindre, si ce n’est la vérité, au moins une vérité ? Se pose la question de savoir si on peut se fier aux phénomènes que les philosophes ont pourtant longtemps fuit. Il semble que nous ne percevions des choses que leur apparence. Comment, à partir de là, pourrait-on alors arriver à leur essence ? Est-il raisonnable de se fier, de faire confiance, à des phénomènes, c’est-à-dire à de simples apparences ? L’Homme, et plus particulièrement le philosophe, est-il capable de vivre dans un monde de phénomènes où faut-il tenter de s’en extraire ? Tout d’abord, on peut considérer que les phénomènes sont trompeurs et, s’il semble qu’il y ait des choses derrière les phénomènes, nous ne pouvons pas les atteindre parce que nous nous fions aux