Le Plan Du Commentaire
Introduction
Une saison en enfer est écrit en 1873, lors d’une période troublée de la vie de Rimbaud. Période qui s’achèvera sur le plan personnel par l’emprisonnement de Verlaine qui l’a blessé légèrement en lui tirant dessus le 10 juillet 1873 et sur le plan littéraire par la rédaction et la publication de ce recueil, le seul publié par Rimbaud. Si ce recueil semble être l’expression d’une révolte personnelle et identitaire, il est surtout remise en question de l’idéal poétique qu’il avait exprimé à travers ses poèmes de jeunesse et dans les deux lettres dites du Voyant, en mai 1871.
Une Saison en enfer se compose de neuf textes : le premier sans titre « Jadis si je me souviens bien », puis « Mauvais Sang », « Nuit de l’enfer », « Délire I », « Délire II », viennent ensuite « L’Impossible », « L’Eclair », « Matin », « Adieu ». Le titre évoque bien une damnation mais temporaire, cette idée semble présente dans la composition du recueil qu’on a l’habitude de diviser en deux grands mouvements, un premier très pessimiste qui se termine par « Délire II. Alchimie du verbe » où il critique sa propre poésie avant d’aborder un second mouvement qui apparaît comme une remontée vers le salut.
Nous verrons que le prologue d’Une Saison en enfer est l’occasion de renier le paradis pour réclamer la damnation.
I. UN IDEAL PERDU ET CONGEDIE
a) Harmonie lointaine
Le poème s’ouvre sur l’évocation d’un paradis perdu, d’un idéal qui devient insatisfaisant et s’efface, cette harmonie disparaissante est néanmoins perceptible dans la première phrase, remarquable de par son rythme qui recrée une poésie compensant la perte du vers.
Cette phrase dessine un âge d’or rapidement inatteignable en le fixant dans un passé lointain et flou : « Jadis » qui s’oppose au complément circonstanciel de temps précis qui annonce la rupture dès la phrase suivante : « Un soir ». Il choisit d’ailleurs l’imparfait qui présente le procès dans son déroulement, en cours d’accomplissement