Le politique peut-il éradiquer la violence ?
Le politique, a priori, est fondé sur le caractère inacceptable de la violence. Il cherche à faire valoir l’ordre de la parole, le logos comme alternative à la violence. Le vivre ensemble suppose en effet que les conflits soient tenus à distance, régulés, voire supprimés. Les deux termes « politique » et « violence » se définissent à travers une structure d’opposition : d’un côté la violence comme usage illégitime de la force, de l’autre le politique comme construction par le discours de l’Etat rendant possible la vie en commun des hommes. C’est le contrat qui fonde la légitimité du pouvoir social et c’est le droit qui lui donne les moyens de s’opposer à la violence. En son sens neutre, « le politique » renvoie à un mode d’existence de l’homme, donc une existence sociale qui suppose des phénomènes de pouvoir. Pour que l’homme ait une existence sociale, il faut qu’il entretienne des relations avec les autres, et pour cela il est nécessaire d’établir un climat de paix civile. Par quels moyens ? Est-ce véritablement synonyme d’éradication de la violence ? Cette violence n’est-elle pas consubstantielle au politique ? Autant de questions qui font intervenir d’autres concepts comme celui de droit et d’obéissance, et qui s’étendent aux champs des passions humaines, et à la capacité qu’elles ont de s’auto régulées. Le « mal spécifique du pouvoir » selon l’expression de Foucault consiste à montrer que la dimension de violence est partie prenante du politique, avec le danger constant d’un pouvoir social qui masque les phénomènes de violence, ou qui les légitiment pour son propre compte. Il y a ici une tension propre au politique, qui en fait un état instable s’il n’envisage pas les normes institutionnelles pour répondre à la violence illégitime entre les hommes, entre l’Etat et les citoyens et entre les Etats. A quelles conditions l’ordre du politique peut-il l’emporter sur l’ordre de la violence pour