Le port, charles baudelaire
Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir. Petits poèmes en prose, 1869
Commentaire :
Le port est un poème extrait du recueil Le Spleen de Paris écrit en 1869 par Charles Baudelaire ( est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort dans la même ville le 31 août 1867). Ce poème fait partie du style Parnasse. C’est un texte essentiellement descriptif avec du présent de vérité général. Premièrement, on retrouve dans ce texte un champ lexical dominant qui est celui de la mer avec : « port », « mer », « phares », « navires », «houle », « belvédère », «môle », « voyager ». Baudelaire nous présente ce lieu avec des détails un peu idylliques : « l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer » et avec des adjectifs mélioratifs « merveilleusement … harmonieuses … beauté ». Ensuite, d’un point de vue sonore, il y a des assonances en [ou] avec « séjour », « goût », « houle», « surtout », « pour », « couché », « accoudé », « mouvements », « vouloir » et une allitération avec le son [k]: « compliqué », « auxquels », « aristocratique »,« curiosité », « qui », « couché », « accoudé », « qui », « contempler », « encore ». On remarque, que même si ce texte est