Le pouvoir de dire je
"Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise; et ceci, même lorsqu'il ne peut pas dire Je, car il l'a dans sa pensée; ainsi toutes les langues, lorsqu'elles parlent à la première personne, doivent penser ce Je, même si elles ne l'expriment pas en un mot particulier. Car cette faculté (de penser) est l'entendement.
Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement ne commence qu'assez tard
(peut-être un an après) à dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.); et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler. Auparavant, il ne faisait que se sentir; maintenant, il se pense."
1) Quelle différence y a-t-il entre une personne et un être vivant ?
Ce texte s'efforce de nous faire comprendre que l'homme est certes un être vivant, mais que par la conscience de soi, il est plus que cela. Un être vivant est capable de prendre des informations sur son environnement et de le modifier afin de se maintenir en vie, de se reproduire et ainsi de perpétuer son espèce. Ainsi, en tant que membre singulier d'une espèce, il est un individu, et la plupart des animaux ont une certaine perception de ce qui les entoure. Pour les plus évolués d'entre eux, on peut même parler d'une perception consciente.
Mais pour être une « personne » il faut, en plus de cela, avoir conscience de soi-même ; c'est-à-dire avoir conscience de sa propre unité et permanence dans