Le pouvoir des fables
Plan:
I - L’ouvrier modèle
1- L’idéal classique de la mesure
Peut-être est-ce en opposition à l’intempérance ouvrière que la vertu principale de Goujet est d’opérer dans la mesure et l’harmonie. Face au reproche le plus souvent adressé au peuple des ouvriers, Zola propose ici la figure d’un ouvrier mesuré. Goujet travaille " à grandes volées régulières ", dans un jeu " classique, correct, balancé et souple ". Sa danse, " un menuet " s’oppose au " chahut de bastringue " de Bec-Salé. L’opposition est renforcée par le contraste stylistique, d’un côté, un registre de langage soutenu, de l’autre, le registre populaire (" les guibolles emportées par-dessus les jupes ") dans l’évocation des formes dégradées de la danse alors en essor dans les cabarets du milieu populaire parisien. C’est un combat entre le classique et le moderne, et étonnamment, Zola préfère ici le classique.
2- Masculin et féminin
A cet équilibre, entre force et précision, qui caractérise le travail de Goujet vient s’ajouter un subtil dosage entre part féminine et masculine du héros. D’un côté, son cou est " pareil à une colonne " et d’un autre, " blanc comme un cou d’enfant " ; l’homme débute en jetant à Gervaise " un regard plein d’une tendresse confiante " et finit " beau, tout-puissant ". Le choix même de la métaphore de la danse est surprenant pour un travail de force, et le surnom féminin donné au lourd marteau qui " continuait ses révérences de grande dame " relève de cette même alliance entre le féminin et le masculin. N’oublions pas que Goujet découpe dans sa chambre de petites images.
3- La force et la raison
L’idéal aristotélicien de la vertu comme juste milieu est même respecté dans ce qui fait le talent de Goujet. S’il écrase le métal au milieu, c’est certainement parce qu’à la force pure (" c’était du sang, du sang pur, qui battait puissamment jusque dans son marteau, et qui réglait la besogne "), il allie l’usage de la raison : Fifine s’enfonce