Le Poète Formule Le Monde
Victor Hugo disait : « un poète est un monde enfermé dans un homme » dans son poème éponyme. Le poète semble ainsi en contact avec des mondes inconnus à l’homme, des mondes oniriques, dans lesquels son imagination se complaît et se perd.
Lorsque Christophe Tarkos dans
Ecrits poétiques écrit « le poète formule le monde », que faut-il entendre par « formuler »? S’agit-il d’exprimer tout simplement le monde réel avec des mots ? Doit-on considérer ce terme en un sens fort, en ce cas formuler serait apparent à « faire exister », on retrouve, par ailleurs, dans la notion de formule quelque chose qui relève de l’oralité, formuler serait alors l’équivalent d’une profération de la parole qui ferait être, advenir ; mais alors quel monde le poète fait-il exister ? Est-ce le monde réel, le monde idéal, le monde onirique ?
On se demandera quel rapport le poète entretient-il avec le monde ? Le poète se doit-il de formuler le monde tel qu’il est, tel qu’il s’offre à nous à la manière d’un peintre réaliste, ou bien doit-il le transfigurer voire le recréer par le langage ?
Nous verrons, dès lors, en quoi le poète est celui qui puise son inspiration dans le monde réel ; comment il rend ce qui apparaît à première vue apoétique (la crudité du monde voire son prosaïsme) un sujet éminemment poétique et en quoi le poète est celui qui peut dénoncer la corruption du monde par le biais de la poésie. Puis, il sera question d’analyser si le poète n’a pas pour mission de transfigurer le monde par les mots voire, dans un dernier mouvement de recréer celui-ci dans une profération ultime de la parole.
Le poète est celui qui prend son inspiration dans le monde qui l’entoure. Ainsi il peut dépeindre la crudité du monde, la réalité dans toute sa trivialité voire son infamie. Il peint parfois de façon très réaliste la vie dans sa crudité comme Villon qui décrit dans la « Ballade des pendus » les pendus aux yeux « plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre » et parle de la