Le problème de Molyneux
Le problème de Molyneux est une expérience de pensée relevant de la philosophie empirique que formula le savant et politicien irlandais William Molyneux en réponse à un extrait de l'Essai sur l'entendement humain de John Locke paru en français au début de l'année 1688. Exposé dans une lettre envoyée au philosophe anglais le 7 juillet, ce problème pose la question de la capacité d'un aveugle de naissance qui aurait soudainement retrouvé la vue à distinguer rien qu'en les regardant deux objets qu'il identifiait autrefois avec le toucher seulement du fait de leurs formes différentes, cubique pour l'un et sphérique pour l'autre.
Il y a plus de trois siècles, le philosophe John Locke, dans la seconde édition de son Essai sur l’entendement humain de 1690, abordait un problème que lui avait soumis « le docte et éminent Molyneux », un savant irlandais.
Ce problème n’allait avoir de cesse d’interpeller et de diviser les philosophes. Il se présente pourtant sous un tour assez concret. En voici l’énoncé : « Supposez un homme né aveugle puis devenu maintenant adulte ; par le toucher il a appris à distinguer un cube et une sphère du même métal et approximativement de la même taille, de sorte qu’il arrive à dire, quand il sent l’un et l’autre, quel est le cube et quelle est la sphère. Supposez ensuite qu’on place le cube et la sphère sur une table et que l’aveugle soit guéri. Question : est-ce que par la vue, avant de les toucher, il pourra distinguer et dire quel est le globe et quel est le cube ? » (Locke 2001 : 237).
Au problème, Molyneux lui-même apporte une réponse négative, que cite Locke. Voici son raisonnement : « Non, car bien qu’il ait acquis l’expérience de la façon dont le globe et un cube affectent son toucher, [l’aveugle ayant recouvert la vue] n’est pas encore parvenu à l’expérience que ce qui affecte de telle manière son toucher doit affecter de telle manière sa vision ; ou qu’un angle saillant du cube qui a appuyé sur sa main