Le programme du cnr
Introduction
Dans les derniers mois de 1942, Jean Moulin, délégué du général de Gaulle en zone non occupée, était parvenu à constituer l'Armée secrète par la réunion des mouvements de Résistance de zone Sud, Combat, Libération et Franc-Tireur; il partit pour Londres en 1943 et reçut le 21 février de De Gaulle le mandat de créer «un Conseil de la Résistance unique pour l'ensemble du territoire métropolitain».
Le CNR réunissait l'ensemble des mouvements de Résistance – Organisation civile et militaire (OCM), Ceux de la Résistance (CDLR), Ceux de la Libération (CDLL), Libération-Nord, Front national, Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur – ainsi que six tendances politiques – communistes, socialistes, radicaux, démocrates-chrétiens, Alliance démocratique et Fédération républicaine – et deux syndicats – CGT et CFTC. À ces seize membres s'ajoutait le président – Jean Moulin jusqu'à son arrestation, puis Georges Bidault, qui représentait les démocrates-chrétiens –; deux secrétaires participaient aux réunions sans voix délibérative.
Les buts du CNR étaient dictés par l'efficacité organisationnelle et les nécessités politiques: réunir et représenter les groupements de Résistance et leur transmettre les directives de Londres dans le but de chasser l'occupant; lutter pour la liberté, contre toute forme de dictature, y compris l'État français; enfin, former «l'embryon d'une représentation nationale réduite». En effet le CNR élabora un Programme d'action de la Résistance, qui demandait, une fois le pays libéré, des réformes politiques, économiques et sociales marquées par un souci de démocratie, le démantèlement des «grandes féodalités» y compris par des nationalisations, et la protection des travailleurs (sécurité sociale, entre autres) problématique : dans quelle mesure chacune des parties de ce programme innove-t-elle ou au contraire s'insère-t-elle dans la tradition française contemporaine ?L'élaboration du programme du CNR fut un processus