Le président de la Ve République : Un monarque républicain ?
Illustration, la Vème République
Le président de la République sous la Vème République : un « monarque républicain » ?
La Cour – c’est sous ce titre que Roger Fressoz, chroniqueur au Canard Enchaîné, avait choisi de décrire la présidence du général De Gaulle ; sous Pompidou, la rubrique sera rebaptisée La Régence. En effet, c’est bien le caractère monarchique de la Vème République que ce journaliste avait choisi de moquer, un choix particulièrement révélateur des dispositions mises en place sous ce nouveau régime politique en ce qui concerne l’exécutif. La critique latente du Canard Enchaîné fait directement écho à la qualification de « monarque républicain » dont on use pour désigner le président de la Vème République. L’expression, inventée par Maurice Duverger, juriste, professeur de droit et premier directeur de l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, désigne la place donnée au chef de l’Etat français par la constitution de 1958 de Michel Debré, qui lui donne de larges prérogatives – un terme toujours d’actualité en 2015, comme le montre le livre de Thomas Legrand, publié en novembre 2014 : Arrêtons d'élire des Présidents. Cette oxymore s’équilibre entre deux traditions, deux héritages, que la Vème République semble combiner : un héritage monarchique, qui renvoie à la monopolisation de tous les pouvoirs aux mains d’un seul, et la tradition républicaine, à savoir l’exercice de ces pouvoirs dans le cadre d’institutions républicaines.
"Certes, il est de l'essence même de la démocratie que les opinions s'expriment et qu'elles s'efforcent, par le suffrage, d'orienter suivant leurs conceptions l'action publique et la législation. Mais aussi tous les principes et toutes les expériences exigent que les pouvoirs publics : législatif, exécutif, judiciaire, soient nettement séparés et fortement équilibrés et, qu'au-dessus des contingences politiques, soit établi un arbitrage national qui fasse valoir la