Le péronisme
Lorsque la Seconde guerre mondiale prend fin, l'Argentine est l'un des pays les plus riches du monde. Sa richesse agricole a permis avec l'afflux massif d'immigrants européens et des capitaux britanniques, une croissance économique et un rare dynamisme dans la région, fondé sur les exportations de céréales et de viande bovine. Cependant, la société argentine reste profondément inégalitaire. Seul un cinquième des seize millions d'habitants appartient aux classes moyennes et supérieures. Le problème de l'intégration sociale et économique des couches les plus populaires se pose alors, en particulier pour les ouvriers qui composent une classe nouvelle, gonflée par l'exode rural et l'industrialisation croissante du pays. C'est dans ce contexte que s'impose la figure du général Juan Domingo Peron, né en 1895, un ancien champion d'escrime et admirateur de Mussolini, une figure montante depuis juin 1943, date à laquelle le Groupe des Officiers Libres, une loge clandestine qui refusait que l'Argentine combatte aux côtés des Alliés, a renversé le président Ramon S. Castillo. Aujourd'hui encore, le phénomène Peron subsiste et prédomine au point qu'on n'arrive plus à distinguer d’oppositions externes, seules les factions opposées à l'intérieur du péronisme sont stimulées, des factions qui couvrent diverses positions politiques. Se pose alors la question de la définition du péronisme. Comment le caractériser ? Comment expliquer que ce courant s'est-il transformé en mouvement transversal allant de l'extrêmegauche à l'extrême-droite ? Nous allons essayer de répondre à ces questions en suivant l'évolution politique du péronisme. Dans un premier temps, nous allons observer le processus constitutif de ce mouvement entre 1946 et 1955 puis son retour au pouvoir entre 1973 et enfin nous nous intéresserons au legs de Juan Peron dans l'Argentine d'aujourd'hui.
I. Le processus constitutif du péronisme (1946-1955) :
Responsable du secrétariat au travail, il se fait