Le quatrième mur
Ce souci de réalisme dont témoignent les théoriciens du Drame Bourgeois culmine avec l’esthétique du « quatrième mur », concept forgé par Diderot, tant comme outil dramaturgique à l’intention des auteurs, que comme consigne du jeu. Dès les Entretiens sur « Le Fils naturel », il demande, aussi bien à l’auteur qu’au comédien, d’oublier la présence du spectateur, afin de créer une illusion. « Dans une représentation dramatique, il ne s’agit non plus du spectateur que s’il n’existait plus pas. ». Plus catégorique encore dans le Discours sur la Poésie dramatique, il prône une fermeture totale de la scène. « Si, au lieu
« Tout doit être clair pour le spectateur. Confident de chaque personnage, instruit de ce qui s’est passé et de ce qui se passe, il y a cent moments où l’on n’a rien de mieux à faire que de lui déclarer nettement ce qui se passera. »
« Les théoriciens classiques, d’Aubignac notamment, manifestaient déjà le désir de créer sur scène une action autonome, coupée de l’univers du spectateur. Abstraite au XVIIème siècle, quoique concrétisée par le cadre de scène, cette clôture qui sépare la salle et la scène, se matérialise au XVIIIème siècle lorsque la scène est équipée d’un rideau qui permet de la fermer. Elle se radicalise à partir de 1759, quand les banquettes placées sur les parties latérales pour les spectateurs de marque sont supprimées. Voltaire, dans une lettre du 6 avril 1759, écrite de Ferney au compte d’Argental, se félicite d’une telle réforme qui va permettre de représenter l’action sur scène, sans recourir au récit, et d’introduire ainsi des éléments de spectacle qui favoriseront l’illusionnisme. »
Les tragédies ne seront plus des conversations en cinq actes au bout desquelles on apprendra pour la bienséance tragique qu’il y a eu un peu de sang répondu. On voudra de la pompe, du spectacle, du fracas.
La scène s’enferme désormais avec cette mise en place du Quatrième mur, supposé transparent pour les