Le rapport à la nature dans "L'île mystérieuse" de Jules Verne
4943 mots
20 pages
Dès 1869, écrire l'histoire d'un groupe abandonné sur une île déserte enthousiasme Jules Verne. Inspiré par le Robinson Crusoé de Daniel Defoe et Le Robinson Suisse de Johann David Wyss, il rédige L'Oncle Robinson, premier essai non-concluant et rejeté en 1871 par Jules Hetzel. Le projet est alors mis de côté, et l'auteur prolifique fournit à son éditeur six nouveaux romans (dont Le tour du monde en quatre-vingt jours). En 1874, il reprend sa robinsonnade et publie L'île mystérieuse, remportant un succès immédiat. Le roman relate les aventures de cinq évadés, dont la montgolfière s'échoue sur une île déserte lors d'une tempête. Traitant d'humanité, de survie, de fraternité et de patriotisme, Jules Verne place ses personnages disparates -un ingénieur, un marin, un reporter, un jeune orphelin et un esclave affranchi- dans un cadre naturel à la beauté sauvage. Plongés dans la réalité d'un monde inhabité et vierge, le groupe y fait l'expérience d'une immersion totale. La nature et le rapport que les hommes entretiennent avec elle y occupe une place forcément prépondérante, et cette relation prend une forme multiple et complexe au fur-et-à-mesure du texte. On peut dès lors se demander quelles sont les variations du rapport étroit qu'entretiennent ici homme et nature sous la plume de Jules Verne. Dans une première partie, nous verrons en quoi ce rapport est problématique, les puissances naturelles et humaines rentrant en conflit, puis comment cette nature se révèle mère-nourricière, véritable adjuvante à la survie -voire au bien-être- du groupe. Finalement, ces rapports se complexifient au fil du roman, et nous verrons comment les hommes font de la nature, en la connaissant et en la domestiquant, non plus un environnement mais un habitat.
I. GRANDE PARTIE: Un combat réciproque
1) UNE NATURE HOSTILE ENVERS L'HOMME
Tout au long de l'œuvre de Jules Verne, l'idée que la nature est brute et hostile envers l'homme ne cesse d’être illustrée. Dés les premières