Le ravissement de lol v stein commentaire
Margot Gallimard
Le ravissement de Lol V. Stein.
Le ravissement de Lol V. Stein paraît en 1964, période où Marguerite Duras est déjà célèbre sur la scène de la littérature. Son œuvre, diversifiée, s’encre dans le renouveau du genre romanesque car elle bouscule souvent les conventions. Jugée comme l’une des romancières les plus originales du XXe siècle, Duras aborde des thèmes oubliés comme l’amour où elle mêle abandon, perte d’identité, glissement entre réel et fantasme. Mais c’est surtout sur le désir qu’elle s’est le plus penchée ; l’apparition de celui-ci et sa perte. Lol V. Stein aborde la notion de désir. Le présent extrait se situe au début du Roman, au milieu du Bal de T.Beach. (Pouvant être qualifié comme la première scène véritable du livre). Moment relaté par Jack Hold, amoureux de Lol lors de l’écriture, le lecteur ne peut donc pas lui faire réellement confiance. Le passage est soumis à une sorte d’apesanteur, le rythme est lent et l’action presque inexistante. Ce sont des témoignages qui se forment, chacun est témoins ici du coup de foudre qui se produit sur la piste de danse. Seulement celui-ci est complexe. En quoi cette scène est-elle révélatrice de ce qu’est Lol ? En quoi ce passage est-il représentatif de tout le roman dans son approche des relations amoureuses ? Nous verrons dans une première partie que le bal de T.Beach est l’origine même de Lol puis nous verrons dans une seconde partie les aspects de ce coup de foudre triangulaire.
Le passage s’inscrit au centre du Bal de T.Beach, bal qui constitue l’origine même de Lol. S’établit une atmosphère lourde, pesante, due, tout d’abord, à un temps qui semble suspendu. Et tout comme le temps Lol est « suspendue ». Les gestes sont lents (« se tourna », « se dirigea »), les déplacements des personnages, incertains, les danses manquent de reliefs et se figent : l’action n’apparaît pas explicitement. Il s’agit d’allers et venus entre les personnages