Le reflet
Le Reflet est une nouvelle de Didier Daeninckx, datant de 1993, qu’on retrouve dans le recueil de nouvelles « Ras l’front N17 ». C’est une nouvelle à chute qui nous invite à réfléchir sur la question du racisme.
Tout au long de cette nouvelle, on nous parle d’un homme âgé, aveugle et sans doute , très riche « le salaire de mille dollars » (l5) , (l12) « un billet de cent dollars scotché à la bouche ». Jusque-là , avec cette description, on devrait plutôt ressentir de la pitié pour lui. Seulement, le narrateur insiste sur la démesure de son défaut : il est raciste, il n’aime pas les Noirs « au moindre doute, le vieux se mettait à hurler de dégoût. –Enfant de pute , virez-moi ça, c’est un Noir ! » (l7-8)
Le langage vulgaire de cet aveugle offusque.Pour insister sur le fait qu’il méprise ce personnage, celui qui raconte l’histoire s’est permis d’utiliser un vocabulaire familier, « le toubib » (l20), « le billard » (l30), mais aussi des reprises pour désigner celui-ci de manière peu flatteuse, voire péjorative : « le vieux », « l'aveugle » . Il n’a pas pris la peine de quelques délicatesses pour parler du handicap du personnage « de ses yeux morts » (l5),
« comme si l’obscurité qui l’accompagnait depuis la naissance » . Il faut préciser que ce riche aveugle vit en parfaite autarcie dans le château ou il demeure, ayant à sa disposition domestiques, champs de blé et bétail à volonté. Même les chanteuses d’opéra, son seul divertissement, devaient impérativement être blanches (l18).
Etant infirme, un médecin le surveillait de près. Le vieux s’amusait à l’embêter. Au lieu du patient, c’est le docteur qui doit se droguer afin de garder la forme, à longueur de journée (l22-23) « il tenait grâce aux cocktails de valium et de témesta qu’il s’ingurgitait matin, midi et soir. » Un heureux jour, l’aveugle apprit qu’il aurait la chance de retrouver la vue grâce à une opération qui par bonheur n’avait pas été mise au point par un