Le regime juridique des actes de commerce
En s'inspirant des idées de Gandhi, cet article ambitionne de repenser à nouveaux frais la question des justifications éthico-politiques de la violence révolutionnaire. Après avoir identifié cinq registres de légitimation de l'emploi des armes dans le renversement du capitalisme, nous montrerons qu'aucun d'entre eux ne satisfait aux conditions stratégiques et éthiques d'une révolution « réussie ». Mais, si la violence révolutionnaire doit être bannie, sommes-nous condamnés à la passivité et à une lâche acceptation de l'ordre établi ? En partant du constat que tout pouvoir repose en grande partie sur le consentement des sujets, ne peut-on pas élaborer une stratégie révolutionnaire non-violente, fondée sur le refus de collaborer avec les institutions génératrices d'injustice ?
Dans cet article, nous partirons de l'hypothèse selon laquelle une révolution, c’est-à-dire un renversement de l’ordre politique et économique, est nécessaire[1], ne serait-ce que du fait de l’irrationalité d’un système capable de nourrir 12 milliards de bouches mais dans lequel 17 000 enfants meurent quotidiennement de malnutrition[2]. Ceci étant posé, une question surgit immédiatement, celle de la légitimité de la violence, que l'on considère généralement comme inhérente à tout processus révolutionnaire. Il s'agit là d'une question philosophique pérenne, quasi-éternelle, que tout révolutionnaire, d'hier comme de demain, de Paris comme de Tunis, ne saurait éviter.
Deux récentes contributions ont réouvert le débat et méritent d'être mentionnées. Dans une conférence[3] prononcée au colloque Marx International en octobre 2004, le philosophe français Étienne Balibar exprimait son regret devant ce qu'il nommait « rencontre manquée » du XXe siècle, celle de Lénine et Gandhi. À ceux qui opposent stérilement ces deux plus grands « théoriciens-praticiens révolutionnaires » du siècle passé,