Le retour au désert
B-M Koltès
Introduction:
Amorce : Le théâtre est un lieu privilégié de l'affrontement et du conflit. Le théâtre moderne, et notamment le théâtre de l'absurde, a progressivement diminué la place du conflit et de l'action. Mais Koltès, lui, écrit un théâtre de la violence, de la cruauté, met en scène des personnages bien identifiés, des situations enracinées dans la réalité contemporaine.
Présentation du texte : Le Retour au désert repose sur un affrontement familial (qui peut faire penser au drame bourgeois de Diderot). Le cadre géographique est la 879, les circonstances historiques l'après-guerre d'Algérie. Les protagonistes sont Adrien, un ancien colon qui dirige une fabrique, et sa sœur Mathilde ; ils ont des préoccupations matérielles (l'héritage de leur père). Dans cette scène, on assiste à un conflit, en présence de domestiques, entre le frère et la sœur.
Annonce des axes : Il s'agit d'une scène dramatique et spectaculaire, mais qui a aussi une portée. Car la pièce est engagée : chacun des protagonistes représente une attitude face à la vie, à la société.
I. Une scène dramatique, mouvementée et spectaculaire
1. Dramatisation et mise en scène de l'affrontement Le « système » des personnages repose sur un équilibre - un frère, une sœur, a priori sans supériorité dans la hiérarchie familiale - qui permet de prolonger l'affrontement. Autour d'eux, des personnages secondaires servent de témoins, sorte de chœur antique, modérateurs, commentateurs, qui renvoient l'image du conflit et en marquent la violence. La théâtralité repose sur les jeux de scène signalés par les didascalies : ce sont essentiellement des mouvements (« entre, retient, entraîne, s'échappent, reviennent » : verbes de mouvement), qui témoignent de la violence de l'affrontement verbal. Les didascalies soulignent l'effet de symétrie entre adjuvants et opposants. La violence des attitudes des deux protagonistes et du conflit est rendue indirectement par les