Le retour
Le passé disparaît dans le lointain à mesure qu’on s’éloigne. Notre mémoire a un don inexplicable d’ensevelir parfois dans ses plis des moments insignifiants et d’en oublier d’autres qu’on croyait plus marquants. Quand le tri est fait, nous n’échappons pas à un sentiment de culpabilité d’être incapables de repérer les moments authentiques à l’instant même ou on les vit.
Je reviens à Al alkhawayn…..je ne suis pas de passage, mais je compte y vivre un peu…..le temps de construire une nouvelle réalité qui je veux bien croire l’emportera sur l’ancienne….
Des images me reviennent en mémoire.. vivaces, crues comme au premier moment de leur naissance. Dans le passé, elles étaient chatoyantes parce que vraies…aujourdh’ui elles regorgent de peine parce que fades et fânées. Ma mémoire me guide vers un réel que je croyais par moments avoir imaginé…..Des instants qui me paraissaient à l’époque anodines retrouvent leur sens aujourd’hui sous un œil nostalgique embrouillé par des larmes résignées.
Ce n’est plus du tout la même chose, a-t-on tendance à dire, alors qu’au fait c’est notre regard qui change sans cesse. Je sentais se rallumer mes yeux éteints à la pensée d’un retour dans mon université….on m’annonce que je serais logé au bâtiment 26….je vais encore une fois arpenter cette allée plusieurs fois par jour d’un pas déterminé à fuir le froid, chasser l’ennui ou atteindre vite les bâtiments de cours. ….A ma nostalgie s’ajoute une amertume…. l’air suranné de mes jours ne ressemble en rien à nos joies faciles..nos rêves utopiques et nos amours crédules. Cette époque se faufile comme un rêve frêle qui s’obscurcit de jour en jour par la brume d’une nouvelle réalité.
Je marche sur les vestiges de mon passé…..je reviens marcher tout au long de cette allée qui traverse les bâtiments…..je surprends des pas titubants et je feins les reconnaître..je me retourne et tout baigne dans une étrangeté ironique. J’arbore un sourire déçu par une