Le risque systémique
Banque et risque systémique
(version préliminaire)
Christian Bordes (Université Paris 1)1
«Le capitalisme sans les faillites n’aurait aucune saveur. Comme le catholicisme sans l’enfer » Patrick Arbor, président du Chicago Board of Trade, après la débâcle de LTCM
Introduction
Pour préserver leur bonne santé, les banques doivent gérer activement les risques inhérents à leurs activités de façon à préserver leur viabilité. Il existe cependant des chocs potentiellement très dangereux et hors du contrôle de leurs gestionnaires qui peuvent affecter le système bancaire dans son ensemble. Ces risques sont désignés collectivement sous le vocable de risque systémique. Adam Smith, déjà, soulignait les dangers de ce type de risque inhérent à l’activité bancaire. Dans La richesse des nations, il établit une analogie entre le besoin qu’éprouvent les pouvoirs publics de violer l’espace naturel de liberté des banques, en réglementant leurs activités, et la nécessité d’inciter les voisins à édifier des barrières mitoyennes pour éviter qu’un éventuel incendie ne gagne l’ensemble d’une communauté d’habitants (Encadré 1). Les discussions que j’ai eues avec Olivier De Bandt (Banque de France), Dominique Lacoue-Labarthe (Université Montesquieu-Bordeaux IV), Isabelle Strauss-Kahn (Banque de France), Jérôme Teïletche (CDC Ixis) et Ivan Odonnat (Banque de France) m’ont été très utiles pour préparer ce texte dont j’assume seul la responsabilité.
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Encadré 1 Adam Smith et les dangers du risque systémique inhérent à l’activité bancaire «To restrain private people, it may be said, from receiving un payment the promissory notes of a banker, for any sum whether great or small, when they themselves are willing to receive them, or to restrain a banker from issuing such notes, when all his neighbours are willing to accept of them, is a manifest violation of that natural liberty which is the proper business of law not to