Le risque
Le risque apparaît ainsi comme un figure de l'aversité. Il est ce qui peu, à tout moment, venir contrarier mes projets et mes entreprises. Il se manifeste ainsi comme une limite objective que le monde peut opposer à mon désir d'autonomie, et l'on comprend en ce sens que tout l'effort de l'homme puisse tendre à éliminer le rsique. Qu'il s'agisse du projet prométhéen et techniciste de dominer la nature ou de la sagesse stoïcienne qui invite l'homme à être indifférent à l'égard de l'événement (qui est toujours plein de risques et qui ne dépend pas de moi), la finalité ultime est la même : il s'agit de mettre l'homme à l'abri du risque.
Une telle prétention cependant — qui vise à assurer à l'homme une autonomie parfaite, une assurance inébranlable (une sorte d'assurance tous risques) — ne risque -t-elle pas de se retourner contre lui dans la mesure même où, en voulant éviter tout risque, l'homme pourrait bien méconnaître les exigences de l'action concrète et se couper du monde, d'un monde qui pour être plein de risques n'en est pas moins le lieu de toute liberté effective ?
Dès lors ne doit-on pas affirmer que le propre de l'homme — dans la mesure même où il vit dans un monde où le risque (au sens objectif du terme) est présent, dans un monde de la contingence — est de savoir prendre des risques ? En d'autres termes, le risque qui apparaît d'abord sous al figure de l'adversité, ne serait-il pas, pour l'homme, l'une des figures de l'altérité qu'il doit, comme telle, assumer ? Et cette assomption du risque ne serait-elle pas, pour l'homme, la seule prudence qui soit