Le roi de france face à la féodalité
Clovis est généralement considéré comme le roi fondateur de la lignée des rois de France, bien qu’à son époque le royaume de France proprement dit ne soit pas encore une entité constituée. Le partage de Verdun en 843 est souvent interprété comme l’acte de naissance d’une France séparée des territoires germaniques, mais ce n’est qu’à partir de la dynastie capétienne que le royaume de France s’individualise véritablement et que le roi de France se substitue au roi des Francs. L’avènement d’une dynastie de rois de France, la dynastie capétienne, est à peu près concomitante d’un autre mouvement de fond, qui est l’institution d’un type de société particulière : la féodalité. La féodalité est caractérisée par la prégnance des liens de dépendance vassalique et par l’existence d’une société éclatée en une multitude d’entités politiques quasiment autonomes. Ce mode d’organisation sociale correspondait aux nécessités de l’époque, qui exigeaient une défense décentralisée des territoires, et au repliement des populations autour des châteaux et autres places fortes (complexe obsidional). Comment le roi s’est-il inscrit dans l’ordre féodal naissant ? Quelle a été sa place au sein de la féodalité et quelles évolutions cette place a-t-elle connue ? Dans quelle mesure l’avènement de la féodalité a-t-il constitué un frein pour le pouvoir royal ? Il paraît possible de répondre à ces questions en constatant que le roi a d’abord été un simple seigneur féodal que seul le sacre distinguait des autres (I), puis qu’il est ensuite parvenu à se hisser à une position dominante par rapport à l’ensemble des protagonistes de la société féodale (II). I. Un seigneur féodal doté du sacre. A. L’avènement de l’ordre féodal. Un des aspects importants de la société seigneuriale est la prégnance des liens féodo-vassaliques par rapport aux liens de sujétion