le roi se meurt excipit
Lecture analytique, extrait 5 : « Il perçoit encore les couleurs […] 15 novembre 1962 » P.135-137
Problématiques possibles : Comment s’effectue le glissement vers la mort ? OU Comment la tirade de Marguerite crée-t-elle un univers qui dépasse le tragique et touche au symbolique et au mystique ? OU Quel sens peut-on donner à ce dénouement ?
Introduction :
Le théâtre de l’absurde naît suite aux traumatismes de la Seconde Guerre Mondiale et propose une vision grotesque, inquiétante et dérangeante de la condition humaine. Eugène Ionesco, dramaturge roumain, est l’un des représentants de ce nouveau théâtre aux côtés de Samuel Beckett. En 1963, Ionesco écrit Le Roi se meurt, et affirme :« J’avais écrit cette œuvre pour que j’apprenne à mourir »1. En effet, dans cette pièce, le spectateur assiste en direct à l’agonie du Roi Bérenger et à ses réactions :face à la mort, le Roi se révolte, s’angoisse mais finit par admettre l’inéluctabilité de ce sort. L’extrait que nous nous proposons d’analyser se trouve à la fin de la pièce. Tous les personnages ont successivement disparu. Ne reste que Marguerite pour accompagner le Roi à franchir le passage. Nous allons étudier la manière dont s’effectue le glissement vers la mort. Pour cela, nous ferons une analyse linéaire qui suivra le mouvement du texte et en marquera les étapes. Nous observerons tout d’abord le rôle de Marguerite, guide et protectrice, nous montrerons ensuite les renoncements successifs que le Roi devra effectuer et finalement nous suivrons sa montée vers la mort.
I- Marguerite, guide vers la mort
Marguerite, à l’image d’un lama du bouddhisme tibétain, aide le Roi agonisant à traverser le passage qui sépare la vie de la mort2.
Dans les lignes 1 à 4, Marguerite répond aux dernières paroles du Roi : « bleu, bleu ». Ces paroles concernent cette couleur qui est la dernière chose qu’il perçoit. Sur le plan mystique, l’effacement de la couleur marque le premier état