Le roman de la momie est une œuvre singulière de Théophile Gautier. Jouant à la fois avec les clichés du romantisme et de son exotisme inhérent (courant dont il est pourtant un des fondateurs) et le récit biblique, il a su créer une œuvre dont le genre change en cours de lecture, déroutant son lecteur. L’extrait analysé ici est celui de l’écartement de la Mer Rouge, épisode repris de la Bible qui, malgré le très court dernier chapitre, peut être considéré comme la véritable conclusion du roman. Dans cette analyse, nous verrons de quelle façon cet extrait occupe une place absolument centrale dans le roman et comment il met en scène l’écroulement final de l’empire égyptien au profit de Moïse et du peuple hébreu. D’abord, l’analyse du premier paragraphe permettra de mettre en valeur la puissance des Égyptiens qui ne tardera pas à fléchir. Ensuite, nous observerons comment la débâcle de Pharaon s’organise autour des mouvements de la spirale et de la chute. Finalement, nous verrons quelques exemples stylistiques créant un fort clivage entre les deux peuples.
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La débâcle finale que connait Pharaon dans cet extrait est organisée en trois mouvements. Dans le premier paragraphe, Pharaon est encore le roi puissant d’Égypte et il est présenté de façon magistrale et spectaculaire. Le paragraphe n’est composé que d’une seule phrase à la ponctuation compliquée et où les actions se multiplient. De cette ponctuation, on peut dégager une montée progressive de l’action, comme une montée d’adrénaline. Ce segment commence par parler de la crainte des Égyptiens face à la poursuite des Hébreux. Une virgule, puis un point-virgule viennent ralentir l’action, de la même façon que l’armée égyptienne s’arrête un instant avant de poursuivre leur chasse, hésitant. Après ce point-virgule, la conjonction mais montre une opposition entre les Égyptiens et le pharaon. Le narrateur souligne son « courage altier que rien ne pouvait abattre