Le roman et ces personnages
16 Résistance et survie du personnage
Texte 1
Marguerite Yourcenar, L’Œuvre au noir
❯ MANUEL, PAGES 432-451
◗ Document d’ouverture
Ernest Ludwig Kirchner (1880-1938), Rue au crépuscule (1929), huile sur toile (65,5x81 cm), coll. part. 1. Situation du tableau Kirchner fut en 1905 l’un des fondateurs du mouvement Die Brücke [« Le Pont »] qui voulait rompre avec l’art académique et jeter un pont entre passé et modernité. Il fut l’un des grands représentants de l’expressionnisme allemand. Son art fut qualifié de dégénéré par les nazis. Kirchner se suicida en 1938. 2. Les personnages et leur représentation (questions 1 et 2) Kirchner, comme tous les expressionnistes, fut le peintre du monde moderne, notamment de la ville et du spectacle inépuisable de la rue, comme en témoigne ce tableau. Il peindra de très nombreuses scènes de la vie berlinoise. Nous sommes au crépuscule, moment de prédilection d’un peintre épris d’ambiances nocturnes, mais rien ne le laisse supposer tant les couleurs et la lumière semblent indiquer un autre moment de la journée. Huit personnages, cinq femmes et trois hommes, et deux animaux sont représentés. Rien ne permet de les identifier, le visage est à peine esquissé, hormis celui de la femme installée au centre de la toile. Il s’agit d’individus anonymes qui peuplent la rue : un couple, un passant qui s’apprête à sortir de la toile, son pendant de l’autre côté du tableau, une femme accoudée à un comptoir, deux femmes à la table d’un café, toutes trois aperçues à travers la vitrine d’un café – haut lieu de la vie berlinoise – reliée au passant de droite par le trait de couleur, un femme dont on ne perçoit que le visage et le buste. Une roue suggère la circulation automobile, le mouvement, la modernité. Un aplat mauve relie le passant au portrait de la jeune femme et se poursuit enserrant la silhouette de la femme au comptoir. Le mauve se retrouve à gauche de la toile sur la robe de la femme attablée et sur les vêtements du