le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde
C’est pourquoi il est légitime de se demander si un roman doit ouvrir les yeux du lecteur sur la vie ou bien au contraire lui permettre d’échapper à la réalité.
Le roman doit-il être un vecteur d’évasion, de divertissement jusque dans son sens pascalien de plaisir futile qui nous éloigne de la contemplation de notre humanité ? ou doit-il se révéler un instrument didactique au service de leçons de vie ?
S’il est vrai que la plupart des lecteurs recherchent d’abord dans le roman une occasion d’éprouver d’intenses sensations, il n’en reste pas moins que les romanciers surtout à partir du XIXe siècle ont cherché à livrer une expérience plus conforme à la vie. Pourtant qu’il soit récit extraordinaire ou témoignage de la réalité, le vrai roman a toujours été une forme commode pour enseigner par l’attrait de la fiction.
I. La plupart des lecteurs recherchent d’abord dans le roman une occasion d’éprouver d’intenses sensations.
Les jeunes lecteurs en particulier, à l’orée de leur existence, sont fascinés par une vie qui les appellent ou qu’ils ressentent comme menaçante. Les voilà à l’âge inconfortable où ils sont souvent conduits à déformer la vie par le rêve ou par la peur. Certains, mus par un idéal enthousiaste, ambitionnent de se faire un nom. C’est le cas de Lucien de Rubempré qui a délaissé sa Charente natale pour aller chercher à Paris la gloire littéraire. Julien Sorel, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, porte au plus profond de lui le désir incoercible de conquérir une place dans la société à la manière de Napoléon Ier. D’autres sont en quête du