le roman feuilleton
GERARD GENETTE Fiche de lecture par Bernard MONTACLAIR
Nous discutions de littérature, dans la cour du collège. Nous parlions des Trois mousquetaires ou du Capitaine Fracasse. Gérard Genette, en culotte courte, expliquait tranquillement, sans pédanterie, qu’il lisait toujours les livres deux fois. La première pour connaître l’histoire. La seconde pour goûter le style.
Nous avions dix ans dans cette classe de sixième du Collège de Pontoise. Une garnison allemande et ses camions et chars bien astiqués occupait la moitié de la cour, séparée de notre territoire par la ligne de démarcation d’une simple palissade. Les sentinelles nous renvoyaient en riant les ballons qui s’étaient égarés.
Je me souviens fort bien de cette leçon de littérature, improvisée par Gérard. J’estimais et jalousais beaucoup ce condisciple car il était très fort en tout. Il avait en plus la capacité de sortir des petites phrases pleine d’humour, au moment où il le fallait. Elles désarmaient les professeurs. Il nous avait entraînés dans des jeux, aux récréations, dans lesquels nous avions tous un surnom tiré de la mythologie gréco-romaine.
J’avais perdu sa trace à la fin de la quatrième.
Il a fallu que par le hasard d’internet et d’un site d’anciens élèves, je retrouve son nom, associé à une grande notoriété de chercheur. Normale Sup, Professeur d’Université, Directeur de Recherche à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Gérard Genette est très connu chez les linguistes. Sa collaboration avec Roland Barthes le désigne comme un structuraliste spécialisé dans la rhétorique, la poétique, la narratologie. Son œuvre est immense : « Figures I », « Figures II », « Figures III » , « IV », « V », « Introduction à l’Architexte », « Métalepse, de la figure à la fiction » …etc. Ses dernières œuvres, à l’heure où j’écris ces lignes, contiennent pêle-mêle des souvenirs de jeunesse, ses fréquentations avec des