Le roman , réel
Sous un humble maintien, sous une douce face,Tu cache un faux regard, un éclair de menace,Un port enorgueilli, un visage ennemi.
Tu as de la douceur, mais il y a parmiLes six parts de poison ; dessous ta bonne grâce,Un dédain outrageux à tous coups trouve place.Tu aimes l’adversaire et tu hais ton ami,
Tu fais de l’assurée et tu vis d’inconstance, Ton ris sent le dépit. Somme, ta contenanceEst semblable à la mer qui cache tout ainsi
Sous un marbre riant les écueils, le désastre,Les vents, les flots, les morts. Ainsi fait la marâtreQui déguise de miel l’aconite noirci.
AUBIGNE THEODORE XVIème
EPIGRAMME
Je mourrai de trop de désir,Si je la trouve inexorable ;Je mourrai de trop de plaisir,Si je la trouve favorable.Ainsi je ne saurais guérirDe la douleur qui me possède : Je suis assuré de périrPar le mal ou par le remède. BENSERADE ISAAC XVIIème
AMOUR ,DIVIN RODEUR
Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs…
C’est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !… Ce n’est pas tout d’aimer, l’amour porte des armes. C’est le roi, c’est le maître, et, pour le désarmer,Il faut plaire à l’Amour : ce n’est pas tout d’aimer !
DESBORDES-VALMORDE MARCELINE XVIIIème
Elévation XIXeme siecle
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,Par delà le soleil, par delà les éthers,Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité,Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,Tu sillonnes gaiement l'immensité profondeAvec une indicible et mâle volupté.Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;Va te purifier dans l'air supérieur,Et bois, comme une pure et divine liqueur,Le feu clair qui remplit les espaces limpides.Derrière les ennuis et les vastes