Le rêve de d'alembert
La première moitié du XVIIème siècle a donné naissance aux Lumières, la seconde qui s’ouvre symboliquement par la publication de l’Encyclopédie (1751), consacre le triomphe des Philosophes, plus que jamais conscients de leur mission de guides spirituels de l’humanité. Le règne des idées ne doit pourtant pas dissimuler la diversité de pensées qui marque l’apogée des Lumières : alors que Diderot par exemple, évolue vers un matérialisme athée, Rousseau proclame ses convictions religieuses. Ces divergences témoignent de l’impossibilité pour les penseurs des Lumières de donner une réponse unique à des questions essentielles, notamment : la Nature est-elle l’œuvre de Dieu, ou le résultat du mouvement propre de la matière sensible ? Diderot apporte une réponse dans Le Rêve de d’Alembert, en 1769, écrit après vingt-cinq ans de recherches chimiques, médicales et chirurgicales, livrées auprès du Docteur Bordeu, l’un des plus grands praticiens du siècle. Dans ce texte, Diderot défend une position matérialiste et cherche à expliquer la constitution de l’Univers, l’origine de la nature, et la génération des êtres par un processus chimique. Selon Diderot, seule la matière existe, à l’origine, et la distinction entre esprit et matière ne tient pas. La matière est capable de se transformer grâce à deux propriétés qui lui sont inhérentes, le mouvement et la sensibilité. Il existe une matière de sensibilité inerte : les minéraux, et une matière de sensibilité active : les végétaux et les animaux. Etablir une distinction entre les trois règnes lui paraît absurde. Reste à expliquer le passage de la matière sensible à la matière pensante (l’homme) : Diderot présente celle-ci comme un agrégat de molécules de matière, comme un faisceau de fils dont les extrémités agissent sur le centre, et lui obéissent tour à tour, ce qui préfigure le système nerveux. Le Rêve de d’Alembert est la partie centrale d’une trilogie, la première partie étant l’Entretien entre d’Alembert et