Le sacrifice et l'envie, jean pierre dupuy
Libéralisme et justice sociale semblent être des mots bien connus, des notions que tout le monde manie avec aisance. Et pourtant, la justice sociale, qu’on classerait comme une idée de gauche, préoccupe bien plus les libéraux que les marxistes ou les socialistes qui, obnubilés par les vices du marché, en oublient de lui donner un sens. Dupuy rappelle également que libéraux et conservateurs, souvent mis dans « le même sac » (p.14), n’ont pas les mêmes points de vue.
Professeur à l’Ecole Polytechnique et à l’université de Stanford, Jean-Pierre Dupuy est également membre de l’Académie de technologies- au sein de laquelle il étudie les nanotechnologies et leurs implications et conséquences philosophiques- et philosophe de la morale et de la politique. Il fut celui qui, le premier, introduit la pensée de John Rawls en France. Il est tourné vers la philosophie et l’économie anglo-saxonne, afin de compléter une pensée française qu’il trouve trop rigide et trop segmentée.
Dans Le Sacrifice et l’Envie, Dupuy cherche à « comprendre l’envahissement progressif de tous les domaines de la vie, privée et publique, sociale et politique, par la logique de l’économie et de la marchandise » (p.9) Pour lui, l’économie est la nouvelle façon d’expulser la violence que contient nos sociétés modernes qui n’ont plus recours au sacré ni aux sacrifices pour jouer ce rôle.
En expliquant les thèse de Smith, Rawls, Nozick et Hayek, et en construisant des démonstrations détaillées, Dupuy nous fait cheminer a travers son livre jusqu’à sa propre thèse, et cherche comment l’ ‘économie politique’ pense la justice sociale.
Il commence avec Smith, en précisant que, selon lui, Théorie des sentiments moraux et Richesse des Nations qui la suit, se complètent, il n’y a pas rupture de sa pensée. Il est important à ce