le sahel
« Mon pays S.A. » : un certain retour sur la démocratie exemplaire du Mali et sa déraison islamique
Auteur(s) : Gilles Holder * Date : 07/2013
Il y a moins de dix-huit mois, Bamako était l’une des capitales africaines les plus prisées par les sommets internationaux qui venaient y célébrer une démocratie exemplaire, une économie en croissance, une société tolérante et une culture ouverte au monde. En dépit de l’activité du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui organisait ses opérations dans le Sahel à partir de son sanctuaire malien depuis 2003, en dépit aussi de l’atterrissage d’un cargo rempli de cocaïne dans la région de Gao en 2009, révélant l’une des principales plaques tournantes de la drogue en direction de l’Europe, le Mali était présenté, jusqu’à la fin de l’année 2011, comme un modèle africain – et francophone – de stabilité démocratique se préparant à des élections générales en toute transparence.
Mais le 17 janvier 2012, une rébellion touareg – la cinquième depuis 1963 – éclate dans le sillage du conflit libyen, bientôt suivie d’un coup d’État militaire à Bamako – le troisième depuis 1968 –, puis de la défaite totale de l’armée, avant que les forces rebelles ne se coalisent autour d’une raison djihadiste et ne proclament un État Islamique de l’Azawad sur les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal. Un an après le début de cette crise, qui mettait à bas la République du Mali, la situation se dégrade plus encore et la France décide d’engager une « guerre contre le terrorisme » au Mali et de reconquérir le territoire perdu par l’armée nationale.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi n’a-t-on vu dans le Mali qu’une république paisible qui sentait bon la démocratie et la laïcité et fermé les yeux sur un pays musulman profondément travaillé par un déni du